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Page:Vigier - Davout, maréchal d'empire, Tome 2, 1898.djvu/279

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tous les moyens possibles à la répression des troubles.
L’Empereur, qui ne les jugeait pas très sérieux au fond, pensait qu’on atteindrait le but en intimidant les chefs et en usant de la plus large indulgence envers des populations qui n’était qu’égarées. Ses ordres furent donnés dans ce sens et ils étaient d’un caractère fort sévère en ce qui concernait les fauteurs de l’insurrection. Ils ne furent pas exécutés, et cela tint peut-être à ce qu’ils furent transmis par le ministre de la Guerre ; on les crut émanés de lui personnellement et non de l’Empereur, et on agit en conséquence. Le Maréchal, en effet, a toujours eu pour principe, quand il a eu des ordres rigoureux à mettre à exécution, d’en prendre sur lui seul la responsabilité ; c’est ainsi qu’il a agi dans ses longs commandements à l’étranger, au lieu d’imiter l’exemple de ceux qui, en pareille circonstance, faisaient chorus avec les doléances des mécontents pour se ménager une popularité de mauvais aloi aux dépens de celle du prince. Le Maréchal pensait que le souverain reste, tandis que les agents de son pouvoir changent et se succèdent ; qu’il est donc important que ceux-ci aient tout l’odieux de certaines mesures temporairement nécessaires, afin que, quand elles cessent, elles puissent être attribuées au caractère ou au zèle inconsidéré de ceux qui les avaient prises et qu’au contraire, le mérite du changement en bien soit reporté au souverain mieux éclairé ou mieux servi. « Si le Roi savait ! » est une précieuse illusion qu’il faut bien garder d’ôter aux gouvernés. C’est en agissant ainsi, c’est en ne se couvrant jamais du nom de l’Empereur que le Maréchal s’était laissé faire une réputation de sévérité poussée jusqu’à l’excès, à laquelle avaient contribué