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Page:Vigier - Davout, maréchal d'empire, Tome 2, 1898.djvu/287

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pouvait soupçonner à quel point on avait porté les choses.
Le 24 mai, en rentrant du conseil, il trouva une lettre pleine de reproches dont l’injustice était égalée par l’amertume. Il en fut d’autant plus blessé que, pendant le conseil, l’Empereur ne lui an avait pas dit un mot. Il ne perdit pas un instant pour lui répondre et, sans s’écarter du respect qu’il lui devait, sans se livrer à de vaines récriminations, il le fit avec cette fermeté et cette franchise qui portent la conviction avec elles.
L’Empereur lui reprochait de n’en faire qu’à sa tête et de ne pas tenir compte de ses ordres ; de faire des nominations sans les lui soumettre ; de ne lui avoir proposé encore personne pour les commandements très importants des départements de l’Ouest ; de laisser prendre connaissance de ses lettres, de les communiquer à des journaux, à ses correspondants et il terminait par une allusion à la conduite toute différente de son prédécesseur, allusion d’autant plus piquante que l’on savait son peu d’estime pour le duc de Feltre.
Le Maréchal prit un à un les griefs de l’Empereur ; il prouva par les faits qu’ils portaient à faux ; qu’ils étaient imaginaires. Il affirma, ce qui n’était pas parfaitement exact, qu’il n’avait de rapports avec aucun journal, si ce n’est le Moniteur et encore par l’intermédiaire du secrétaire d’Etat, le duc de Bassano ; que si une lettre de l’Empereur avait été publiée, ce ne pouvait être que par l’indiscrétion d’un des généraux en chef à qui elle avait dû être communiquée dans l’intérêt du service. Il termina en qualifiant