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Page:Vigier - Davout, maréchal d'empire, Tome 2, 1898.djvu/291

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Le général Lamarque trouvait que 6 000 hommes étaient une force insuffisante ; ayant de la cavalerie, de l’artillerie, c’était plus qu’il n’en fallait pour écraser les rassemblements confus d’insurgés quelque nombreux qu’ils fussent. Les régiments de la jeune garde, qu’avait amenés le général Brayer, étaient composés de conscrits et ne lui inspiraient aucune confiance ; en les appuyant des vieux soldats du général Travot, on leur donnerait la solidité nécessaire pour en tirer un bon parti. Enfin il ne fallait pas s’en rapporter à des bruits toujours grossis par la peur ; il ne fallait pas croire les masses d’insurgés aussi considérables qu’on le prétendait, ni surtout supposer qu’elles pussent se mouvoir avec tant de facilité. Les paysans, on le savait, n’avaient qu’une ardeur très médiocre ; il y en avait peu de disposés à aller à une ou deux marches, surtout pour recevoir des coups de fusil ; on entrait dans la saison des foins et de la récolte qui donnerait encore plus de difficultés aux chefs pour les réunir.
Toutes ces raisons devaient convaincre le général Lamarque et le déterminer à agir avec vigueur au lieu de perdre un temps précieux. Voyant qu’il persistait à ne pas aller à Nantes, malgré l’insistance et presque les ordres formels qui le lui prescrivaient, le Maréchal lui écrivait le 7 juin : « Vous avez votre manière de voir ; comme c’est vous qui commandez, il faut la suivre ; car, en supposant que par condescendance pour moi vous alliez à Nantes, vous ne mettriez pas exécution le plan tel que je le conçois… Au surplus, je ne vous entretiendrai plus de mes idées sur cela. » La preuve qu’elles étaient justes et que, dans cette guerre, le point important était de frapper fort