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Page:Vigier - Davout, maréchal d'empire, Tome 2, 1898.djvu/298

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Il se trompait ; il ne tenait pas assez compte de la haine excitée contre lui par quinze ans de déclarations furibondes, il ne mesurait pas l’effet de ces jugements passionnés, de ces erreurs monstrueuses dont on commence à revenir, dont on reviendra tout à fait, mais qu’on tenait alors pour des vérités. Toujours est-il que, dans cette pensée, les armements furent d’abord de précaution et purement défensifs. Ce n’était pas là une fiction mise en avant pour les besoins de la politique du moment ; c’était le véritable sentiment de l’Empereur, qui s’en expliqua plus d’une fois dans sa correspondance intime avec son ministre de la guerre, et notamment dans sa lettre du 2 avril, où il l’exprimait de la manière la plus formelle. Alors même qu’il n’y eut plus à se méprendre sur les intentions de la coalition et sur l’imminence des hostilités, au lieu d’en prendre l’initiative l’Empereur ne voulait que les repousser et ses ordres étaient donnés dans ce sens.
La concentration des forces anglaises en Belgique, la certitude que c’était de là qu’on voulait porter les grands coups et marcher sur Paris, changèrent sa détermination. Il résolut de réunir, sous son commandement immédiat, les corps des généraux Reille, d’Erlon, Vandamme et Gérard, qui, avec celui du comte de Lobau et la garde, composeraient une force effective de plus de 100 000 hommes. C’étaient d’excellentes troupes, commandées par des chefs éprouvés, qui avaient eux-mêmes sous leurs ordres ce que l’armée comptait de généraux plus jeunes et plus vigoureux.
L’Empereur pouvait donc, sans se flatter, compter sur un succès auquel il attachait une immense importance, autant