Page:Vigier - Davout, maréchal d'empire, Tome 2, 1898.djvu/299

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sous le rapport de la politique que sous celui des opérations militaires.
Un succès éclatant au début facilitait bien des choses à l’intérieur et il portait la discussion et le découragement dans la coalition. L’Empereur calculait que si, ce qui fut probable, ce qui fut presque une réalité pendant une partie de la journée de Waterloo, l’Angleterre voyait sa brave armée anéantie et la fleur de sa noblesse moissonnée pour une cause qui n’était pas la sienne et dans une guerre injustifiable, le cabinet tomberait devant le soulèvement du cri public et ferait place à l’opposition libérale avec laquelle il serait facile de s’entendre pour le rétablissement de la paix ; il résolut donc d’agir en conséquence.
Cependant l’ennemi pouvait le gagner de vitesse et attaquer le premier ; il fallait aussi par prudence admettre la chance d’un revers. Dans ces deux hypothèses, le Maréchal donna aux généraux en chef les instructions les plus circonstanciées sur ce qu’ils auraient à faire dans l’intérêt de la défense du pays. A l’ouverture des hostilités, pas un homme de l’armée ne devrait rester dans les places, excepté le personnel de l’artillerie indispensable à leur service ; les dépôts même des corps devaient être dirigés sur les localités qui leur seraient indiquées à l’intérieur. Les gardes nationales sédentaires ou mobilisées composeraient seules la garnison des places. Les officiers généraux, les commandants militaires qui n’y étaient pas spécialement attachés, devaient aussi éviter de s’y enfermer et se transporter dans une ville quelconque de leur arrondissement pour y faire exécuter les ordres de l’autorité supérieure. L’essentiel étant de grossir l’armée active, sitôt qu’un soldat avait un