Page:Vignola - Toutes les femmes, vol. 3, 1904.djvu/226

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
228
TOUTES LES FEMMES

tempérament, ni sensuel, ni sentimental, de pouvoir jouir de libertés presque absolues. Ayant reçu une instruction des plus solides, connaissant tous les pièges qui pourraient lui être tendus, habile à dresser ceux dans lesquels viendra se faire pincer l’imprudent flirteur sur qui elle a jeté son dévolu, la jeune miss yankee est à la fois un des êtres les plus charmants, les plus troublants, les plus pervers et les plus honnêtes qui soient. À dix-huit ans, elle va, vient, voyage, court les théâtres, les bals, se fait accompagner, inviter à dîner, à souper même, par qui lui plaît. Chez elle, elle reçoit qui bon lui semble sans que ses parents s’en préoccupent. Elle peut compter, de la part de tout gentleman, sur un respect qui est fait de plus de politesse vraie et de moins de galanterie qu’en France. Dédaigneuse, en général, de l’élégant parfumé, cosmétiqué, du dude, elle préfère à ces marionnettes pour tailleurs l’homme doué des qualités mâles d’intelligence, d’activité, de volonté, d’énergie qui font le business man, le gros gagneur d’argent.

C’est qu’une fois mariée, elle sera une épouse exemplaire, mais une ménagère peu économe. La prodigalité est d’ailleurs le grand défaut — ou la grande vertu — de la nation. Il lui faut des toilettes d’un luxe effréné, des bijoux de haut prix. Élégante, pleine de chic, elle a de la grâce, de la distinction, mais pas de simplicité. Ce qui