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CRÉOLES ET MÉTISSES

d’entre elles qui sont jolies n’acquièrent pas de droits à la retraite.

À Buenos-Ayres, la population d’origine étrangère est en majorité ; l’élément italien, à lui seul, compte un tiers des habitants de la ville. Tantôt exaltée à l’excès, tantôt rabaissée avec exagération, la Porteña, produit de tous ces éléments divers, vise à jouer dans l’hémisphère sud le rôle de « la Parisienne ». Déjà, elle a abandonné la mante pour se coiffer d’après les modèles illustrés que chaque courrier lui apporte de France ; déjà elle fournit à nos parfumeurs une clientèle consommant des quantités abusives de poudre de riz et de veloutine, mais de si louables efforts n’ont point encore réussi à lui conquérir le « cachet » qu’elle ambitionne. Son éducation cependant et ses vertus réelles lui valent, plus encore que son élégance, encore un peu neuve, une influence méritée.

Croyante mais pas dévote, elle ne subit pas l’influence du prêtre ; jeune fille, elle a, avec moins de hardiesse, beaucoup de l’indépendance de la jeune Yankee ; épouse, elle reste fidèlement attachée à celui qu’elle a librement choisi, en dehors de toute préoccupation d’argent ; c’est une femme de foyer et une mère admirable. Les femmes de Buenos-Ayres sont, à tous les points de vue, supérieures aux hommes, et surtout à ces zambullidores élégants et oisifs, riches créoles