Page:Vignola - Toutes les femmes, vol. 3, 1904.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
91
FAMILLE ANNAMITE

tuer que dans le cas où il la prend en flagrant délit d’adultère. En Cochinchine, comme en Annam, le rotin joue le premier rôle dans l’intérieur du ménage : les parents l’appliquent à leurs enfants, les maris à leurs femmes. Les battus peuvent crier, personne ne s’en inquiète. Il n’était pas rare, avant la conquête française, de voir dans les rues de pauvres malheureuses couchées sur le dos et rouées de coups par leur seigneur et maître.

La Cambodgienne mariée appartient à son mari ; il l’a payée, elle est devenue une propriété dont il dispose à sa convenance. En acceptant le prix de l’achat, ses parents ont perdu tout droit sur elle. L’époux peut, toutefois, du consentement de sa femme, la vendre comme esclave ainsi que ses enfants ; il a droit, sans la consulter, sans l’en avertir même, de la mettre en gage avec toute sa progéniture.

Rien n’empêche un père annamite besoigneux de ne pas attendre pour tirer parti de sa fille qu’elle ait atteint l’âge d’entrer en ménage. Il peut, à bon compte, la céder à des entremetteuses qui l’élèveront, lui donneront une éducation spéciale et se paieront de leur peine en la revendant plus tard à de riches bourgeois ou à des nobles dont elle charmera les loisirs.

C’est la femme annamite qui exerce les travaux les plus pénibles ; dans les