Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/114

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pect volé qui la torturait ; et l’abbé Dablin épuisait son éloquence pour lui persuader de se taire et d’expier, en silence, le scandale déjà fait. Par d’autres, l’idée qu’après cette longue dissimulation, elle pouvait être découverte, lui faisait passer dans les veines le froid de la mort.

Oh ! cette fois encore, bien souvent elle regarda les abîmes en gravissant les montagnes, et elle se dit :

— À quoi tient-il qu’une pierre ne se détache et que mon pied ne manque ?… Quelle légère impulsion pourrait me précipiter ?… Je roulerais dans le gouffre, et on dirait : « Le hasard !… »

Mais en vraie chrétienne elle savait que le suicide est le plus grand des crimes.

Au sortir de ces crises, il lui prenait une énergie singulière : elle se sentait capable de prodiges de dissimulation et d’audaces imprévues. Enfin, comme toutes les natures bien trempées, elle avait des forces latentes qui répondaient à l’appel au moment nécessaire. C’est ainsi qu’elle résistait aux émotions les plus poignantes, sans que son visage les trahît autrement que par un feu intérieur, sombre et contenu, que ses proches attribuaient à des austérités religieuses.

Et depuis qu’elle défendait ardemment Mlle Gallet, on disait plus encore :