Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/119

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être, les informations remonteraient jusqu’à lui ; mais dès l’abord ! — cela renversait toutes ses idées.

Comment ! on savait déjà qu’il avait joué un rôle dans le drame de la nuit du 20 janvier ? Par quelle filière en était-on arrivé à cette découverte ?

Il eut beau rêver, il ne trouva point d’explication.

« À moins, pensa-t-il, que ma servante ne se soit éveillée, n’ait vu quelque chose et n’ait causé avec la gouvernante de M. Lambert le lendemain ?… »

En tous cas, la circonstance lui parut assez grave pour éveiller toute son attention, toute sa prudence et tout son courage.

Il reçut à dix heures du matin la lettre qui l’appelait chez le juge d’instruction, le même jour, à deux heures : « pour donner quelques explications touchant l’état civil d’un enfant inconnu. » Il n’avait donc pas beaucoup de temps pour se remettre de sa première émotion, interroger sa conscience de prêtre, sur les devoirs que lui traçaient des circonstances difficiles, et prendre un parti.

Ce fut après sa messe, au pied de l’autel, dans son église devenue solitaire, que le curé appela les lumières de l’Esprit-Saint. Il avait entendu l’aveu de la marquise, à cette place même, sous le secret de la confession. Non-seulement il ne devait pas la trahir,