Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

absolument sur elle, et n’avait pas, depuis dix ans, éprouvé deux heures de jalousie ; l’idée même d’un doute ne lui était pas venue.

Les petites maladies de deux enfants charmants, la mort de quelques grands parents, étaient donc les seules douleurs qui marquassent des étapes dans cette heureuse et facile vie.

Actuellement, ils reviennent en France à petites journées ; le voyage par mer fatiguant la comtesse, ils ont repris terre à Livourne, et, de Livourne, ils sont arrivés à la Spezzia, passant ici une matinée, là deux jours ou trois. Rien ne les presse ; nulle obligation ne les attend ; leurs enfants sont aux mains d’une grand’mère vigilante ; leur hôtel de Paris sera prêt pour les recevoir au jour de leur arrivée ; leur château de Touraine est gouverné par un régisseur honnête.

Ce qui les absorbe, à cette heure crépusculaire, c’est un doux mélange de fatigue et de repos, une sorte d’engourdissement dans le bien-être, un demi-sommeil, dont les rêves sont choisis par la reine fantaisie.


IV


Un couple vint s’asseoir à côté d’eux, sur le même banc. Les robes des deux femmes se touchaient, d’un