Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/226

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tonnait, avec un admirable accent de prière et de tendresse :

   Verrano a te sull’aura miei sospiri ardenti
   Adrai nel marche mormora l’eco de miei lamenti
.

La comtesse frissonna, et leva la tête pour voir le chanteur. Mais, avant de l’avoir vu, elle s’était dit :

— C’est lui !

C’était lui, en effet… lui, qui, sans doute, avait voulu forcer l’attention de la comtesse, et trouver moyen de parler d’amour.

Dès qu’elle eut levé les yeux, il se tut, comme si, son appel une fois entendu, il ne se fût pas soucié d’autre chose.

— C’est dommage ! dit le comte.

Mme de Morelay hâta le pas en murmurant :

— Qu’importe !

— Qu’avez-vous, Louise ? seriez-vous vraiment souffrante ? demanda M. de Morelay, frappé de l’état singulier de sa femme.

— Rentrons ! dit-elle d’une voix brève.

Elle sentait près d’elle l’audacieux qui la poursuivait ; et, tandis que son orgueil se cabrait devant cette poursuite, elle était tentée de se retourner pour le regarder encore.