Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/240

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déjeuna en dix minutes et hâta les préparatifs de sa toilette.

Une sorte de surexcitation nerveuse lui faisait mettre de l’empressement à toutes choses. Depuis qu’elle avait pris le parti de garder la lettre, elle semblait devenue presque joyeuse. Elle se laissa complaisamment coiffer et habiller ; et, tout en se prêtant aux soins de sa femme de chambre, elle se disait avec un secret sentiment, d’orgueil et de plaisir :

« Il est poëte ! »


XVI


D’abord, elle s’était promis d’attendre jusqu’au soir pour lire les vers de son jeune amoureux. Mais elle ne put y tenir, et, tandis que sa femme de chambre descendait appeler la voiture, elle tira le papier de sa poche et dévora le sonnet suivant, qui était écrit en vers italiens.

  « Que béni soit le jour, le mois, l’année, la saison,
» l’heure et l’instant, le beau pays, l’heureuse rive
» où ses yeux m’ont pris le cœur !
  » Béni soit aussi le coup qui m’a blessé, et le sourire,
» et le regard qui me séduisent et me consument !
  » Bénis soient les soupirs que je jette au vent pour