Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/252

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Spezzia, que sa conscience lui criait de fuir ; et l’idée de voir la patrie de Dante et de Michel-Ange lui offrait une diversion toute-puissante, tandis qu’elle avait senti comme un deuil lui prendre le cœur à la pensée de revenir tout simplement, tout prosaïquement à Paris, et d’y reprendre cette chaîne sociale dont les habitudes mornes, les tiraillements intimes, les évolutions régulières, sont comme les anneaux.

— Nous partirons donc demain pour Florence, puisque vous ne voulez pas rester plus longtemps ici, dit le comte. J’enverrai ce soir nos passe-ports, au visa, et je retiendrai un voiturin.


XXII


Une fois ce parti arrêté, la comtesse fut plus tranquille. Elle se dit qu’elle avait satisfait à sa conscience et cessa de s’alarmer des battements précipités de son cœur. Au contraire même, elle accueillit alors avec une sorte de plaisir l’image de celui qui le faisait battre. « Encore vingt-quatre heures, et je ne le verrai plus ! » se disait-elle… Que ces vingt-quatre heures, au moins, lui soient consacrées !…

Le silence régna de nouveau entre les deux époux ; de temps en temps M. de Morelay risquait une remar-