Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/262

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sembla entendre, près d’elle, une voix chanter doucement, doucement :

Verrano a te sull’ aura i miei sospiri ardenti…

Son cœur bondit d’une joie folle… oui… c’était bien cette voix adorée qui chantait… et dont le timbre s’élevait peu à peu…

— Entendez-vous ? dit la comtesse à son mari, assez haut pour être entendue à son tour, entendez-vous ? C’est la voix d’hier… Quelle admirable voix !…

Et elle osa chercher des yeux le chanteur… Mais elle ne vit rien auprès d’elle et il lui sembla même qu’il s’était un peu éloigné. Seulement il chanta bientôt avec toute la puissance de son organe, comme pour justifier l’exclamation de la comtesse.

Elle eût mieux aimé qu’il se tût après l’avoir comprise, ou, du moins, qu’il continuât de chanter pour elle seule… Les promeneurs s’arrêtaient et écoutaient. Il lui sembla qu’il y avait une sorte de vanité puérile à chercher ainsi les suffrages de la foule… en ce moment surtout…

Mais il était là… sans doute, il allait revenir près d’elle… et la regarder… Quelles idées pouvaient tenir contre de pareilles émotions ?