Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/263

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Au bras de son mari, elle le suivait, elle le cherchait, possédée tout entière par sa coupable passion, et sans remords. Il lui semblait alors qu’en partant le lendemain, comme elle se l’était promis, elle accomplissait un acte de suprême vertu, et que jamais le comte ne pourrait payer un tel sacrifice !

Certes ! elle se croyait permis d’accorder une soirée d’ivresse à son cœur… Et encore se trouvait-elle bien courageuse, bien loyale, bien irréprochable…


XXVIII


Maintenant qu’elle sentait dans son atmosphère, le poëte, l’artiste, le chanteur aimé si follement, elle aurait voulu demeurer éternellement là, sur cette terrasse, entre le ciel et la mer ; cependant le temps marchait avec une vitesse désespérante… Encore quelques instants, et il allait falloir s’arracher de ce lieu de délices…

« Ah ! se disait-elle, le cœur plein, en même temps, de bonheur et de peine : « je voudrais seulement qu’il sût qu’en partant je l’ai regretté… que j’étais digne de l’apprécier… que je sentais tout le prix de son amour… Mais pourra-t-il le deviner ?… et, si je le lui fais comprendre, pourra-t-il me laisser partir ?… Non !