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ÉLOA.

Elle apprit à rêver, et son front innocent
De ce trouble inconnu rougit en s’abaissant ;
Une larme brillait auprès de sa paupière.
Heureux ceux dont le cœur verse ainsi la première !


Un Ange eut ces ennuis qui troublent tant nos jours,
Et poursuivent les grands dans la pompe des cours ;
Mais au sein des banquets, parmi la multitude,
Un homme qui gémit trouve la solitude ;
Le bruit des Nations, le bruit que font les Rois,
Rien n’éteint dans son cœur une plus forte voix.
Harpes du Paradis, vous étiez sans prodiges !
Chars vivants dont les yeux ont d’éclatants prestiges,
Armures du Seigneur, pavillons du saint lieu,
Étoiles des bergers tombant des doigts de Dieu,