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CHANT I.

Saphirs des encensoirs, or du céleste dôme,
Délices du Nebel, senteurs du Cinnamome,
Vos bruits harmonieux, vos splendeurs, vos parfums,
Pour un Ange attristé devenaient importuns ;
Les cantiques sacrés troublaient sa rêverie.
Car rien n’y répondait à son ame attendrie ;
Et soit lorsque Dieu même, appelant les esprits.
Dévoilait sa grandeur à leurs regards surpris.
Et montrait dans les Cieux, foyer de la naissance,
Les profondeurs sans nom de sa triple puissance ;
Soit quand les Chérubins représentaient entre eux
Ou les actes du Christ ou ceux des Bienheureux,
Et répétaient au Ciel chaque nouveau mystère
Qui, dans les mêmes temps, se passait sur la Terre,
La crèche offerte aux yeux des Mages étrangers,
La famille au désert, le salut des bergers :
Éloa s’écartant de ce divin spectacle,
Loin de leur foule et loin du brillant Tabernacle,