Page:Vigny - Héléna, 1822.djvu/24

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Ainsi souvent, dit-on, le bonheur d’un empire
Aux peuples, par les rois, descendit d’un sourire.



Il s’est trouvé parfois, comme pour faire voir
Que du bonheur en nous est encor le pouvoir,
Deux âmes, s’élevant sur les plaines du monde,
Toujours l’une pour l’autre existence féconde,
Puissantes à sentir avec un feu pareil,
Double et brûlant rayon né d’un même soleil,
Vivant comme un seul être, intime et pur mélange,
Semblables dans leur vol aux deux ailes d’un ange,
Ou telles que des nuits les jumeaux radieux
D’un fraternel éclat illuminent les cieux.
Si l’homme a séparé leur ardeur mutuelle,
C’est alors que l’on voit et rapide et fidèle
Chacune, de la foule écartant l’épaisseur,
Traverser l’Univers et voler à sa sœur.