Page:Vigny - Héléna, 1822.djvu/25

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Belle Scio, la nuit cache ta blanche ville
De tout corsaire Grec mystérieux asile ;
Mais il faut se hâter, de peur que le matin
Ne montre tes apprêts au Musulman lointain.
Tandis qu’au saint discours de leur vieux Patriarche,
Comme Israël jadis à l’approche de l’Arche,
Ainsi qu’un homme seul ce peuple se levait,
Solitaire au rivage un des Grecs se trouvait,
Triste, et cherchant au loin sur cette mer connue,
Si d’Athène à ces bords quelque voile est venue
Parmi tous ces vaisseaux qui d’un furtif abord
Du flot bleu de la rade avaient touché le bord ;
Chaque nef y trouvait ses compagnes fidèles :
C’est ainsi qu’en hiver, les noires hirondelles
Au bord d’un lac choisi par le léger conseil,
Prêtes à s’élancer pour suivre leur soleil,
Et saluant de loin la rive hospitalière,
Préparent à grands cris leur aile aventurière.
Mais rien ne paraît plus, que la lune qui dort
Sur des flots mélangés et de saphir et d’or :
Il n’y voit s’élever que les montagnes sombres,
Les colonnes de marbre et les lointaines ombres