Page:Vigny - Héléna, 1822.djvu/34

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«  aïeux ce ciel est enchanté,
« Son plus beau feu reçut le nom de la beauté,
« La beauté leur déesse. Âme de la nature,
« Disaient-ils, l’univers roule dans sa ceinture :
« Elle vient, le vent tombe et la terre fleurit ;
« La mer sous ses pieds blancs s’apaise et lui sourit.
« Mensonges gracieux, religion charmante
« Que rêve encor l’amant auprès de son amante ! »



Quand un lis parfumé qu’arrose l’Ilissus,
De son beau vêtement courbe les blancs tissus,
Sous l’injure des vents et de la lourde pluie,
S’il advient qu’un rayon pour un moment l’essuie,
Son front alors s’élève, et, fier dans son réveil,
Entr’ouvre un sein humide et cherche son soleil ;
Mais l’eau qui l’a flétri, prolongeant son supplice,
Tombe encor lentement des bords de son calice.
Héléna releva son front et ses beaux yeux,
Les égara long-temps sur la mer et les cieux,