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Page:Vigny - Journal d’un poète, éd. Ratisbonne, 1867.djvu/141

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JOURNAL D’UN POÈTE

tière. S’il n’a rien produit dans l’espace de cinq années, elle sera supprimée. »

25 AVRIL. — Cette —nuit, je lisais le Stabat Mater en rêvant. À la seconde lecture, j’ai cru voir ma pauvre mère étendue à mes pieds et j’ai pleuré amèrement. Mes sanglots m’ont éveillé, et, en portant ma main à mes joues, je les ai trouvées inondées de larmes. J’avais passé la soirée au théàtre à songer à ces putérilités et à ce petit combat. 20 MAI. — M. de Talleyrand est mort. Les partis l’ont insulté, et on a été jusqu’à écrire : « Il n’y a en France qu’un malhonnête homme de moins. » Les indignations sont toutes justifiées par sa vie polilique. Il a une immense flétrissure sur son nom : c’est d’être devenu le type du parjure élégant et récompensé.

NOVEMBRE. — AU MAINE-GIRAUD. — Il n’y a qu’aux poètes qu’il arrive de pareilles choses. —Mes pères aimaient ce château féodal. C’est une petite forteresse entourée de