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LES DESTINÉES.


− Un soupir de bonheur sortit du cœur humain ;
La terre frissonna dans son orbite immense,
Comme un cheval frémit délivré de son frein.

Tous les astres émus restèrent en silence,
Attendant avec l’Homme, en la même stupeur,
Le suprême décret de la Toute-Puissance,

Quand ces filles du ciel, retournant au Seigneur,
Comme ayant retrouvé leurs régions natales,
Autour de Jéhovah se rangèrent en chœur.

D’un mouvement pareil levant leurs mains fatales,
Puis chantant d’une voix leur hymne de douleur,
Et baissant à la fois leurs fronts calmes et pâles :