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Page:Vigny - Poèmes antiques et modernes, éd. Estève, 1914.djvu/112

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poèmes antiques et modernes

Luisait incessamment l’éclair silencieux[1].
Tous les oiseaux, poussés par quelque instinct funeste,
S’unissaient dans leur vol en un cercle céleste ;
Comme des exilés qui se plaignent entre eux,
Ils poussaient dans les airs de longs cris douloureux[2][3].



La Terre cependant montrait ses lignes sombres
Au jour pâle et sanglant qui faisait fuir les ombres[4] ;
Mais, si l’homme y passait, on ne pouvait le voir :
Chaque cité semblait comme un point vague et noir,
Tant le mont s’élevait à des hauteurs immenses !
Et des fleuves lointains les faibles apparences
Ressemblaient au dessin par le vent effacé
Que le doigt d’un enfant sur le sable a tracé.



Ce fut là que deux voix, dans le désert perdues,
Dans les hauteurs de l’air avec peine entendues,
Osèrent un moment prononcer tour à tour
Ce dernier entretien d’innocence et d’amour[5] :


  1. Byron, C. et T., sc. 3 : Les nuages reprennent les teintes de la nuit, sauf là où leurs bords bronzés rayent l’horizon sur lequel se levaient d’ordinaire de plus brillantes aurores. — Et voyez ce jet de lumière, messager du tonnerre lointain, qui apparaît là-bas !
  2. Byron, C. et T., sc. 3 : Entendez ! Entendez ! les oiseaux de mer crient ! Ils couvrent de leurs nuées le ciel blafard, et planent autour de la montagne… Et les oiseaux crient leur angoisse dans l’air.
  3. Entre 68 et 69, P2, A, B, ni filet ni fleuron.
  4. Byron, C. et T., sc. 3 : Au lieu du soleil une pâle et sinistre lueur a enveloppé l’atmosphère mourante. — Ténèbres : La terre glacée se balançait sombre et noirâtre dans l’atmosphère sans lune.
  5. Entre 80 et 81, P2, A, ni filet ni fleuron.