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poèmes antiques et modernes

— « C’est un des fils d’Aaron qui sonne la prière[1][2].
» Et quoi ! vous pâlissez ! Que le feu du baiser
» Consume nos amours qu’il peut seul apaiser[3],
» Qu’il vienne remplacer cette crainte farouche,
» Et fermer au refus la pourpre de ta bouche[4] !… »
On n’entendit plus rien, et les feux abrégés
Dans les lampes d’airain moururent négligés.

II


Quand le soleil levant embrasa la campagne
Et les verts oliviers de la sainte montagne,
À cette heure paisible où les chameaux poudreux
Apportent du désert leur tribut aux Hébreux ;
Tandis que de sa tente ouvrant la blanche toile.
Le pasteur qui de l’aube a vu pâlir l’étoile[5]

  1. Nombres, X, 1-2, 8 : Le Seigneur parla encore à Moïse et lui dit : Faites-moi deux trompettes d’argent battues au marteau afin que vous puissiez vous en servir pour assembler tout le peuple… Les Prêtres enfants d’Aaron sonneront des trompettes. — Dom Calmet, Dissertation sur la musique des anciens et en particulier des Hébreux, dans la Bible de Vence, t. VII, 1770, p. 138 : Des douze tribus d’Israël, il y en avait une tout entière destinée au culte du Seigneur : c’était celle de Lévi. De toutes les familles qui la composaient, il n’y en avait qu’une seule, qui était celle d’Aaron, qui eût droit au sacerdoce et qui en fit les fonctions. — Fleury, Mœurs des Israélites, p. 251 : Ils se servaient de trompettes d’argent pour marquer les fêtes, et appeler le peuple aux prières publiques : et le nom de Jubilé vient d’une corne de bélier dont on sonnait pour en marquer l’ouverture.
  2. Var : M1, 1er  main, C’est celui dont la voix appelle à la prière 2e main, texte actuel. En marge : Nombres, X, 8.
  3. Var v. 53-34 : M1 donne ces deux vers biffes : Ô que ma lèvre enfin presse ma bien-aimée, | Et boive en expirant son haleine embaumée.
  4. Cant. des Cant., IV, 3 : Vos lèvres sont comme une bandelette d’écarlate (Sicut vitta coccinea, labia tua).
  5. Var : M1, Le Pasteur du matin voyant (corr. : qui de l’aube a vu) pâlir l’étoile.