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la femme adultère

Sa suite et ses chevaux montraient son opulence[1] ;
Guidés nonchalamment par le fer d’une lance,
Fléchissaient sous leur poids, et l’onagre rayé[2],
Et l’indolent chameau, par son guide effrayé[3] ;
Et douze serviteurs, suivant l’étroite voie,
Courbaient leurs fronts brûlés sous la pourpre et la soie[4][5] ;

  1. Var : M1, 1er main, Se gonflait des trésors de sa noble opulence ; 2e main, Recouvrait des fardeaux, trésors de l’opulence ; 3e main, P1, Recouvrait des fardeaux, fruits de son opulence ;
  2. Var) : M1, Renvoi pour l’onagre à Buffon, Hist. Nat., t. 7, quadr.(a). — P1, A, sous ces dons.

    a Buffon, Hist. Nat., De l’âne : Les Latins, d’après les Grecs, ont appelé l’âne sauvage onager, onagre, qu’il ne faut pas confondre, comme l’ont fait quelques naturalistes et plusieurs voyageurs, avec le zèbre… L’onagre, ou âne sauvage, n’est point rayé comme le zèbre… — On peut se demander si Vigny n’avait pas noté cette référence sur son manuscrit en vue d’une rectification ultérieure, qu’il n’a pas jugé à propos de faire.

  3. Var : M1, Et le chameau souvent (corr. : Et l’indolent chameau) parle guide effrayé ;
  4. Ézéchiel, XXVII, 16 (il s’adresse à Tyr) : Les Syriens ont été engagés dans votre trafic, à cause de la multitude de vos ouvrages, et ils ont exposé en vente dans vos marchés des perles, de la pourpre, des toiles ouvragées, des byssus, de la soie et toutes sortes de marchandises précieuses.
  5. Var : M1, Renvoi pour la soie à Gessner, hist. anim. l. 4. De pinna (b).

    bConradi Gesneri Tigurini Historiæ Aninialium Liber IV, Francofurti, 1620, p. 731, De pinna magna. L’article ainsi intitulé est emprunté à Rondeletius (Guillaume Rondelet) ; il a rapport à une espèce de grosse moule, vulgairement nommée « jambonneau ». Voici la traduction du passage qui est visé par Vigny : Les pinnes viennent sur les fonds de sable ou de vase ; elles se fixent au moyen d’un byssus. Ce byssus est une laine très souple et très fine, ainsi nommée par analogie avec celle dont on faisait les étoffes les plus précieuses à l’usage des riches. Par exemple, dans l’Évangile, il est question d’un riche qui était vêtu de pourpre et de byssus : de quoi on a donné les interprétations les plus ridicules. Le byssus des pinnes diffère du byssus des moules autant que la filasse de la soie la plus fine et la plus déliée. — Le texte de l’Évangile auquel Rondelet fait allusion est Luc, XVI, 19 : Il y avait un homme riche qui était vêtu de pourpre et de lin. (Trad. de Sacy). Vigny semble s’appuyer sur l’autorité de l’Historia Animalium pour substituer le terme de « soie » à celui de « lin », qui est celui dont Sacy traduit ordinairement byssus. Voir Prov. XXXI, 22 : [La Femme Forte] se revêt de lin et de pourpre : byssus et purpura indumentuin ejus. — La référence à Gesner a été fournie à Vigny par Fleury (Mœurs des Israélites, 1712, p. 115) qui définit le byssus « une espèce de soye d’un jaune doré qui croît à de grandes coquilles ».