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Page:Vigny - Poèmes antiques et modernes, éd. Estève, 1914.djvu/149

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LE BAIN[1]

fragment d’un poème de suzanne

. . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . .

C’était près d’une source à l’onde pure et sombre.
Le large sycomore y répandait son ombre :
Là, Suzanne, cachée aux cieux déjà brûlants.
Suspend sa rêverie et ses pas indolents,
Sur une jeune enfant, que son amour protège.
S’appuie, et sa voix douce appelle le cortège
Des filles de Juda, de Gad et de Ruben
Qui doivent la servir et la descendre au bain[2] ;
Et toutes à l’envi, rivales attentives,

  1. Le manuscrit donne ainsi le sommaire du poème auquel appartenait ce fragment : 1er chant, L’Enfant ; 2e chant. Les Vieillards ; 3e chant, Le Bain ; 4e chant. Le Jugement.
  2. Daniel, XIII, 7, 13, 17 : Sur le midi, lorsque le peuple s’en était allé, Suzanne entrait et se promenait dans le jardin de son mari… Il arriva que Suzanne entra dans le jardin, selon sa coutume, étant accompagnée de deux filles seulement, et qu’elle voulut se baigner, parce qu’il faisait chaud… Alors Suzanne dit à ses filles : Apportez-moi de l’huile de parfums, et des pommades, et fermez les portes du jardin, afin que je me baigne. — Les noms de Juda, de Ruben et de Gad sont ceux de trois des tribus d’Israël, et se trouvent souvent associés, les deux derniers du moins, dans l’Écriture : Voyez Exode, I, 1-4, et Nombres, Deutéronome, Josué, Rois, passim.