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Page:Vigny - Poèmes antiques et modernes, éd. Estève, 1914.djvu/185

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doloria


Viens, ô Gloire ! ai-je dit ; réveille
Ma sombre vie au bruit des vers[1].
Fais qu’au moins mon pied périssable
Laisse une empreinte sur le sable.
La Gloire a dit : « Fils de douleur,
» Où veux-tu que je te conduise ?
» Tremble ; si je t’immortalise,
» J’immortalise le Malheur[2]. »

Malheur ! oh ! quel jour favorable[3]
De ta rage sera vainqueur ?
Quelle main forte et secourable
Pourra t’arracher de mon cœur,
Et dans cette fournaise ardente,
Pour moi noblement imprudente.
N’hésitant pas à se plonger.
Osera chercher dans la flamme,
Avec force y saisir mon âme,
Et l’emporter loin du danger ?


Écrit en 1820[4].
  1. Millevoye, Les plaisirs du poète :
    Et le cri de la gloire en sursaut te réveille.
  2. Var : P1, malheur
  3. Var : P1, ô quel jour
  4. La date manque dans P1.