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LA PRISON

poème[1]
XVIIe SIÈCLE


Le sous-titre manque dans M, P1.

Épigraphe : M,P1, C’est dans la tombe qu’on est à couvert du bruit qu’excitent les impies. | C’est là que ceux qui étaient enchaînés ne souffrent plus, et qu’ils n’entendent plus la voix de l’exacteur. (Job)[2].


« Oh ! ne vous jouez plus d’un vieillard et d’un prêtre[3] !
» Étranger dans ces lieux, comment les reconnaître ?
» Depuis une heure au moins cet importun bandeau[4]

  1. Extrait du journal de Dujunca, lieutenant du roi à la Bastille, donné dans les Mémoires du Maréchal duc de Richelieu, 1790, t. III, p. 105 : « Du lundi 19 novembre 1703. Le prisonnier inconnu, toujours masqué d’un masque de velours noir, que M. de Saint-Mars avait amené avec lui, venant de l’île Sainte-Marguerite, qu’il gardait depuis longtemps, s’étant trouvé hier un peu plus mal, en sortant de la messe, il est mort aujourd’hui, sur les dix heures du soir, sans avoir eu une grande maladie, il ne se peut pas moins. M. Guiraut, notre aumônier, le confessa hier ; surpris de la mort, il n’a pu recevoir ses sacrements, et notre aumônier l’a exhorté un moment avant que de mourir. »
  2. C’est là que le grand bruit qu’ont fait les impies s’est enfin terminé… C’est là que ceux qui étaient autrefois enchaînés ensemble ne souffrent plus aucun mal, et qu’ils n’entendent plus la voix de ceux qui exigeaient d’eux des travaux insupportables (vocem exactoris) (Job, trad. de Sacy, III,17-18).
  3. Var : P1, Ô ne vous jouez plus.
  4. Var : M, Quoi ! pourrais-je jamais ici me reconnaître ? P1, Passager dans ces lieux, comment les reconnaître ?