Avidement courbé, sur le sombre vitrage
Ses soupirs inquiets impriment un nuage.
Contre un marbre frappé d’un pied appesanti,
Sa sandale romaine a vingt fois retenti[1].
Est-ce vous, blanche Emma, princesse de la Gaule ?
Quel amoureux fardeau pèse à sa jeune épaule ?
C’est le page Éginard, qu’à ses genoux le jour
Surprit, ne dormant pas, dans la secrète tour.
Doucement son bras droit étreint un cou d’ivoire.
Doucement son baiser suit une tresse noire.
Et la joue inclinée, et ce dos où les lis
De l’hermine entourés sont plus blancs que ses plis[2].
Il retient dans son cœur une craintive haleine,
Et de sa dame ainsi pense alléger la peine.
Et gémit de son poids, et plaint ses faibles pieds[3]
Qui, dans ses mains, ce soir, dormiront essuyés ;
Lorsqu’arrêtée Emma vante sa marche sûre,
Lève un front caressant, sourit et le rassure,
- ↑ Éginhard, Vie de Charlemagne : Deux fois seulement, dans les séjours qu’il fit à Rome,… il consentit à prendre la longue tunique, la chlamyde et la chaussure romaine.
- ↑ Var : O, P2, A, que les plis.
- ↑ Var : O, ces faibles pieds
au t. III, p. 194, de son histoire, à propos du costume de Charlemagne. Je cite le teste d’Éginhard : Le costume ordinaire du roi était celui de ses pères, l’habit des Francs ; il avait sur la peau une chemise et des haut-de-chausses de toile de lin ; par-dessus étaient une tunique serrée avec une ceinture de soie et des chaussettes ; des bandelettes entouraient ses jambes, des sandales renfermaient ses pieds, et l’hiver un justaucorps de peau de loutre lui garantissait la poitrine et les épaules contre le froid.