Aller au contenu

Page:Vigny - Poèmes antiques et modernes, éd. Estève, 1914.djvu/248

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
214
poèmes antiques et modernes


Ouvert ainsi sans obstacle
Par un bois de chêne étroit !
Sur la plaine humide et sombre,
La nuit reluisaient dans l’ombre
Des insectes en grand nombre,
De merveilleux vermisseaux,
Troupe brillante et frivole.
Comme un feu follet qui vole,
Ornant chaque banderole
Et chaque mât des vaisseaux.

X


Et surtout La Sérieuse,
Était belle nuit et jour ;
La mer, douce et curieuse,
La portait avec amour,
Comme un vieux lion abaisse
Sa longue crinière épaisse,
Et, sans l’agiter, y laisse
Se jouer le lionceau[1] ;
Comme sur sa tête agile
Une femme tient l’argile,
Ou le jonc souple et fragile
D’un mystérieux berceau.

XI


Moi, de sa poupe hautaine
Je ne m’absentais jamais,

  1. Byron, Childe Harold, IV, st. 184 : Je t’ai toujours aimé, océan !… j’étais comme un de tes enfants, je me confiais gaiement à tes vagues, et je jouais avec ton humide crinière…