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poèmes antiques et modernes
LE COMBAT

XVI


Ainsi près d’Aboukir reposait ma Frégate ;
À l’ancre dans la rade, en avant des vaisseaux,
On voyait de bien loin son corset d’écarlate
Se mirer dans les eaux.

Ses canots l’entouraient, à leur place assignée.
Pas une voile ouverte, on était sans dangers.
Ses cordages semblaient des filets d’araignée.
Tant ils étaient légers.

Nous étions tous marins. Plus de soldats timides
Qui chancellent à bord ainsi que des enfants[1] ;
Ils marchaient sur leur sol, prenant des Pyramides,
Montant des éléphants[2].

Il faisait beau. — La mer, de sable environnée.
Brillait comme un bassin d’argent entouré d’or ;
Un vaste soleil rouge annonça la journée
Du quinze Thermidor.

La Sérieuse alors s’ébranla sur sa quille :
Quand venait un combat, c’était toujours ainsi ;

  1. Fenimore Cooper, Le Pilote, ch. 7 : Donnez-moi des matelots, dit Barnstable, et je trouverai de la place pour trente. Ces soldats ne savent que faire de leurs bras et de leurs jambes quand ils ne sont pas à l’exercice… — et ch. 18 : Heureusement pour nous le capitaine Manuel a emmené à terre avec lui tous ses soldats de marine… s’ils étaient ici, ils encombreraient notre pont comme du bétail.
  2. Var : A-C2, thermidor.