Qu’un monde tout nouveau se forge à cette flamme,
Ou soleil, ou comète, on sent bien qu’il sera ;
Qu’il brûle ou qu’il éclaire, on sent qu’il tournera,
Qu’il surgira brillant à travers la fumée,
Qu’il vêtira pour tous quelque forme animée,
Symbolique, imprévue et pure, on ne sait quoi,
Qui sera pour chacun le signe d’une foi,
Couvrira, devant Dieu, la terre comme un voile,
Ou de son avenir sera comme l’étoile,
Et, dans des flots d’amour et d’union, enfin
Guidera la famille humaine vers sa fin ;
Mais que peut-être aussi, brûlant, pareil au glaive
Dont le feu dessécha les pleurs dans les yeux d’Eve[1],
Il ira labourant le globe comme un champ,
Et semant la douleur du levant au couchant ;
Rasant l’œuvre de l’homme et des temps comme l’herbe
Dont un vaste incendie emporte chaque gerbe,
En laissant le désert, qui suit son large cours[2]
Comme un géant vainqueur, s’étendre pour toujours.
Peut-être que, partout où se verra sa flamme,
Dans tout corps s’éteindra le cœur, dans tout cœur l’âme,
Que rois et nations, se jetant à genoux,
- ↑ Genèse, III, 24 : [Le Seigneur ayant chassé Adam du Paradis Terrestre] mit des Chérubins devant le jardin des délices, qui faisaient étinceler une épée de feu pour garder le chemin qui conduisait à l’arbre de vie.
- ↑ Var : O, B-C3, le Désert,
rayons ! Les ouvriers, en marchant sur la mitraille, portaient sur les drapeaux : Vivre en travaillant ou mourir en combattant… Je n’ai point ces exagérations patriotiques que pouvaient indiquer ces mots de : Paris, axe du monde, etc. Mais ce peuple français si homogène, si ramassé dans son unité, si centralisé dans sa capitale, a une furie de prosélytisme, et une vitesse d’application des idées, si ardentes à l’action, que le mouvement vient toujours de lui… Trop souvent cela le mène à la destruction et au mal, il le sent, et détruit son œuvre aussi vite et à ses dépens, mais il a fait l’épreuve.»