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Page:Vigny - Poèmes antiques et modernes, éd. Estève, 1914.djvu/273

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paris

Aux rochers ébranlés crîront : « Écrasez-nous !
» Car voilà que Paris encore nous envoie
» Une perdition qui brise notre voie ! »
— Que fais-tu donc, Paris, dans ton ardent foyer ?
Que jetteras-tu donc dans ton moule d’acier ?
Ton ouvrage est sans forme, et se pétrit encore
Sous la main ouvrière et le marteau sonore ;
Il s’étend, se resserre, et s’engloutit souvent
Dans le jeu des ressorts et du travail savant,
Et voilà que déjà l’impatient esclave
Se meut dans la Fournaise, et, sous les flots de lave,
Il nous montre une tête énorme, et des regards
Portant l’ombre et le jour dans leurs rayons hagards.



Je cessai de parler, car, dans le grand silence,
Le sourd mugissement du centre de la France
Monta jusqu’à la tour où nous étions placés,
Apporté par le vent des nuages glacés.
— Comme l’illusion de la raison se joue !
Je crus sentir mes pieds tourner avec la roue,
Et le feu du brasier qui montait vers les cieux
M’éblouit tellement que je fermai les yeux.



— « Ah ! dit le Voyageur, la hauteur où nous sommes[1]
» De corps et d’âme est trop pour la force des hommes.
» La tête a ses faux pas comme le pied les siens ;
» Vous m’avez soutenu, c’est moi qui vous soutiens,
» Et je chancelle encor, n’osant plus sur la terre

  1. Var : O, B, le voyageur.