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MOÏSE[1]

poème


Dédicace : P2, À M. Victor H… — A, À M. Victor Hugo.

Épigraphe : P2, Le souffle de Dieu dans l’homme est une lampe dévorante. Prov. Salomon[2].


Le soleil prolongeait sur la cime des tentes
Ces obliques rayons, ces flammes éclatantes,
Ces larges traces d’or qu’il laisse dans les airs,
Lorsqu’en un lit de sable il se couche aux déserts.
La pourpre et l’or semblaient revêtir la campagne.
Du stérile Nébo gravissant la montagne,

  1. Pour le choix du sujet, le cadre et le pittoresque, comparer Chateaubriand (Génie du Christianisme, 1er  partie, livre II, chapitre 4, Des lois morales ou du Décalogue) : Nous les avons, ces préceptes divins : et quels préceptes pour le sage ! et quel tableau pour le poète ! Voyez cet homme qui descend de ces hauteurs brûlantes. Ses mains soutiennent une table de pierre sur sa poitrine, son front est orné de deux rayons de feu, son visage resplendit des gloires du Seigneur, la terreur de Jéhovah le précède : à l’horizon se déploie la chaîne du Liban avec ses éternelles neiges et ses cèdres fuyant dans le ciel. Prosternée au pied de la montagne, la postérité de Jacob se voile la tête dans la crainte de voir Dieu et de mourir. — Pour l’idée maîtresse et l’attitude morale, voir Byron, Childe Harold, III, st. 45 : Celui qui surpasse ou subjugue l’humanité doit voir d’en haut la haine de ceux qui sont au-dessous ; — Manfred, acte II, se. 2, passim ; — et Schiller, Cassandre, d’après
  2. Prov., XX, 27 : Le souffle de Dieu dans l’homme est une lampe divine, qui découvre tout ce qu’il y a de secret dans ses entrailles.