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ÉLOA

ou
LA SŒUR DES ANGES
mystère[1]
C’est le serpent, dit-elle, je l’ai écouté, et il m’a trompée.
Genèse[2].


CHANT PREMIER

naissance

Il naquit sur la terre un Ange, dans le temps[3][4]
Où le Médiateur sauvait ses habitants.
Avec sa suite obscure et comme lui bannie,

  1. Le sous-titre est emprunté à Byron, qui qualifie de « mystères » ses drames bibliques, Caïn et Ciel et Terre. « Les scènes qui suivent sont intitulées « mystère », conformément au titre que l’on donnait anciennement aux drames roulant sur de semblables sujets, que l’on appelait « mystères, ou moralités » (Préface de Caïn). — L’idée génératrice du poème se trouve peut-être dans ce passage du Génie du Christianisme, 1er  partie, 1. III, ch. 3 : L’homme pouvait détruire l’harmonie de son être de deux manières, ou en voulant trop aimer, ou en voulant trop savoir. Il pécha surtout par la seconde : c’est qu’en effet nous avons beaucoup plus l’orgueil des sciences que l’orgueil de l’amour ; celui-ci aurait été plus digne de pitié que de châtiment.
  2. L’épigraphe choisie par Vigny dans la Genèse, à l’exemple de Byron pour son Caïn, ne reproduit pas littéralement un verset du
  3. Un feuillet non paginé donne, biffe, le couplet suivant, qui parait être une ébauche de début : Créateur, Créateur ! pourquoi tant de miracles ? | Ces nouveau-nés frappés par d’antiques oracles ? | Ces mon-
  4. Var : M, Un ange est né jadis sur notre terre au temps