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poèmes antiques et modernes

Mais nulle de ces sœurs que Dieu créa pour eux
N’apporta plus de joie au ciel des Bienheureux[1].



Les Chérubins brûlants qu’enveloppent six ailes[2],
Les tendres Séraphins, Dieux des amours fidèles[3],
Les Trônes, les Vertus, les Princes, les Ardeurs[4],
Les Dominations, les Gardiens, les Splendeurs,

  1. Var v. 73-74 : M, Mais jamais les sœurs qui naquirent (corr. : Mais nulle de ces sœurs que Dieu créa) pour eux 1er main, n’arriva plus brillante au ciel des bienheureux 2e main, texte actuel.

    Plusieurs fragments inutilisés, écrits sur des feuillets non paginés du manuscrit, semblent se relier les uns aux autres, et former comme une première ébauche du développement qui va du vers 75 au vers 106 :

    1. — Sitôt que l’urne sainte eut fait naître Éloa, | Pour le triste univers l’heureux ciel espéra.

    2. — À leurs transports d’amour les Séraphins fidèles | L’accueillirent longtemps par le bruit de leurs ailes ; | mais troublant de leurs voix (corr. : à l’écart) les sons harmonieux | De l’hymne créateur que chantèrent les cieux, | Des Chérubins savans le chœur toujours austère | Répéta gravement, l’œil baissé vers la terre : | Prends garde, ô Vierge ailée (corr. : ô notre sœur) à la douce pitié, | Car des vertus du ciel tu n’as que la moitié. | À la pitié tu mo (inachevé ; ces deux vers et demi sont biffés). | Sagesse du très haut, qui vous pénétrera ? | 1er main, Pourquoi l’élevez-vous, celle qui tombera ? | 2e main, Sans la main du Seigneur l’étoile tombera.

    3. — Et sa couronne d’or aux magiques merveilles | n’ornera plus son front las de ses saintes (corr. : la nuit pendant ses) veilles. | Sous la main du Seigneur à peine épanoui | L’arc en ciel pâlira dans l’air évanoui. | Fuyez l’antique orgueil, créature nouvelle : | 1er main. C’est au fond de parfums (corr. : de l’encens) que le feu se révèle. | 2e main, Sous la myrrhe et l’encens la flamme se révèle. | Qui, naît parmi les pleurs peut être infortuné, | Ainsi que sur la terre est l’homme nouveau-né.

    4. — Elle enchante la femme et peut égarer l’ange. (Elle, dans ce vers, représente évidemment la pitié. Voir ci-dessus, fragment 2.)

  2. Milton, P. P., V, 276 : Raphaël reprend sa propre forme, celle d’un Séraphin ailé. Il portait six ailes, pour ombrager ses membres divins… — Ce passage est cité par Chateaubriand, Génie, 2e partie, l. IV, ch. 10.
  3. Var : M, 1er main, Les tendres Séraphins aux bleuâtres prunelles, 2e main, texte actuel.
  4. Var : M, Les trônes, les vertus, les princes.