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Et les Rêves pieux, et les saintes Louanges[1],
Et tous les Anges purs, et tous les grands Archanges[2],
Et tout ce que le Ciel renferme d’habitants,
Tous, de leurs ailes d’or voilés en même temps[3],
Abaissèrent leurs fronts jusqu’à ses pieds de neige[4],
Et les Vierges ses sœurs s’unissant en cortège,
Comme autour de la Lune on voit les feux du soir,
Se tenant par la main, coururent pour la voir.
Des harpes d’or pendaient à leur chaste ceinture ;
Et des fleurs qu’au Ciel seul fit germer la nature,
Des fleurs qu’on ne voit pas dans l’Été des humains[5],
Comme une large pluie abondaient sous leurs mains[6].



« Heureux, chantaient alors des voix incomparables,

  1. Var : M, Et les rêves légers et les saintes louanges,
  2. Milton, P. P., V, 600 : Écoutez, vous tous, Anges, race de lumière, Trônes, Dominations, Principautés, Vertus, Puissances… — et passim. — Chateaubriand, Génie, 1er partie, l. I, ch. 4, Des Anges : Ils sont les invisibles gardiens des hommes,… La religion nous permet d’attacher des anges protecteurs à la belle nature ainsi qu’aux sentiments vertueux… De globe en globe, avec les Séraphins, les Trônes, les Ardeurs, qui gouvernent les mondes, l’imagination fatiguée redescend enfin sur la terre… — Et Chateaubriand énumère, entre autres, le Génie des rêveries du cœur et l’Ange des saintes amours.
  3. Var : M, les vers 82-90 sont d’une écriture un peu postérieure.
  4. Moore, A. d. A., p. 32-33 : Vous vous rappelez tous deux le jour où celui à qui tout obéit assembla dans les bosquets nouvellement créés d’Éden les puissances angéliques pour contempler la merveille qu’il voulait accomplir avant d’apposer sur le monde le sceau de sa divinité… Au milieu du cercle des anges ravis d’admiration et de surprise, la Femme ouvrit les yeux pour la première fois… Avez-vous oublié sa rougeur, lorsque promenant ses regards étonnés sur le jardin solitaire et enchanté d’Éden, sur la mer, sur les cieux, elle entendit le frémissement des ailes de la multitude céleste ?
  5. Moore, A. d. A., p. 34 : … Ces fleurs lumineuses qui jaillirent au premier souffle de l’éternel.
  6. Var : M, 1er main, Abondante rosée échap (inachevé) 2e main, texte actuel.