Une verte émeraude a couronné sa tête,
Des ailes sur son dos la pourpre est déjà prête,
La cuirasse d’azur garnit son jeune cœur ;
Pour les luttes de l’air l’oiseau part en vainqueur[1]…
Il promène en des lieux voisins de la lumière
Ses plumes de corail qui craignent la poussière[2] ;
Sous son abri sauvage étonnant le ramier,
Le hardi voyageur visite le palmier[3].
La plaine des parfums est d’abord délaissée ;
Il passe, ambitieux, de l’érable à l’alcée[4],
Et de tous ses festins croit trouver les apprêts
Sur le front du palmiste ou les bras du cyprès[5] ;
Mais les bois sont trop grands pour ses ailes naissantes.
Et les fleurs du berceau de ces lieux sont absentes ;
Sur la verte savane il descend les chercher[6] ;
Les serpents-oiseleurs qu’elles pourraient cacher[7]
L’effarouchent bien moins que les forêts arides[8].
- ↑ Var : M, Prêt aux (corr. : Pour les) luttes
- ↑ Buffon, Histoire Naturelle, De l’oiseau-mouche : De tous les êtres animés voici le plus élégant pour la forme et le plus brillant pour les couleurs… L’émeraude, le rubis, la topaze brillent sur ses habits, il ne les souille jamais de la poussière de la terre, on le voit à peine toucher le gazon par instants, il est toujours en l’air, volant de fleurs en fleurs ; il a leur fraîcheur comme il a leur éclat, il vit de leur nectar. — La description du colibri par Vigny rappelle celle que Buffon donne du saphir-émeraude : la gorge saphir, et le reste du corps d’un vert glacé très brillant.
- ↑ Atala : Il [le magnolia] domine toute la forêt, et n’a d’autre rival que le palmier.
- ↑ Atala : Les vignes sauvages… s’élancent de l’érable au tulipier, du tulipier à l’alcée.
- ↑ Atala : Des perroquets jaunes… grimpent en circulant au haut des cyprès.
- ↑ Atala : Sur le bord occidental, des savanes se déroulent à perte de vue ; leurs flots de verdure, en s’éloignant, semblent monter dans l’azur du ciel.
- ↑ Atala : Des serpents oiseleurs sifflent suspendus au dôme des bois.
- ↑ Var : M. que les branches (corr. : forêts) arides.