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Franchit les rocs moussus, dans les gouffres s’élance[1],
Pour passer le torrent aux arbres se balance,
Tombe avec un pied sûr, et s’ouvre des chemins[2]
Jusqu’à la neige encor vierge des pas humains.
Mais bientôt, s’égarant au milieu des nuages[3].
Il cherche les sentiers voilés par les orages[4] ;
Là, sous un arc-en-ciel qui couronne les eaux[5],
S’il a vu, dans la nue et ses vagues réseaux[6].
Passer le plaid léger d’une Écossaise errante,
Et s’il entend sa voix dans les échos mourante.
Il s’arrête enchanté, car il croit que ses yeux
Viennent d’apercevoir la sœur de ses aïeux.
Qui va faire frémir, ombre encore amoureuse,
Sous ses doigts transparents la harpe vaporeuse[7] ;


    enveloppe le chasseur dans tes voiles… (p. 126). — Quel héros est tombé sur les bords du Carron ?… Était-il blanc comme la neige d’Arven, éclatant comme l’arc de la pluie ? (p. 127).

  1. Var : B-D, mousseux
  2. Var : M, 1er main, Tombe sur (corr. : avec) un pied sûr, et (corr. : ou) s’ouvre des chemins
  3. Var : M, 1er main, Mais dès que sur le mont où l’ombre le retarde, 2e main, Mais si dans les vapeurs dont l’ombre le retarde, 3e main, Mais dépassant l’éclair que d’en haut il regarde, 4e main, texte actuel.
  4. Var : M, 1er main, Dans un nuage obscur (corr. : Si parmi les vapeurs) marche le (corr. : ce) fils du Barde, 2e main, texte actuel.
  5. Var : M, Si (corr. : Et) sous un arc-en-ciel
  6. Var : M, S’il a vu dans la brume (corr. : nue) et ses vagues (1er corr. : brumeux, 2e corr. : vagues) réseaux
  7. Entre autres innombrables apparitions de fantômes que Vigny avait pu retenir de la lecture d’Ossian, noter dans le poème de Carrictura les chants qui célèbrent les amours de Vinvela et de Shilric. « Vinvela : Mon Amant erre sans cesse sur la montagne, il poursuit le chevreuil léger. Ses dogues haletants l’environnent, et la corde de son arc résonne dans l’air. Te reposes-tu, cher Amant, au bord de la source du rocher, ou prés du torrent de la montagne ? Le vent balance les joncs, et fait voler le brouillard par-dessus les collines. Je vais, sans être aperçue, m’approcher de mon Amant, et le voir du haut du rocher. Que tu me parus aimable, ô Shilric, quand je te vis pour la première fois, etc. [Mais Shilric, en revenant de la guerre, ne retrouve plus dans sa patrie sa chère Vinvela] : Je suis assis au som-