Page:Vigny - Poèmes antiques et modernes, éd. Estève, 1914.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
poèmes antiques et modernes

À sa lueur de rose un nuage embaumé
Montait en longs détours dans un air enflammé,
Puis lentement forma sa couche d’ambroisie,
Pareille à ces divans où dort la molle Asie[1].
Là, comme un Ange assis, jeune, triste et charmant[2].
Une forme céleste apparut vaguement[3].



Quelquefois un enfant de la Clyde écumeuse[4][5],
En bondissant parcourt sa montagne brumeuse[6].
Et chasse un daim léger que son cor étonna,
Des glaciers de l’Arven aux brouillards du Crona[7][8],

  1. Var : M, Ainsi qu’un des divans
  2. Var : M, 1er main, homme en surcharge : ange
  3. Lewis, Le Moine, ch. VII (Matilda, en présence d’Ambrosio, évoque Satan dans les souterrains du monastère de Sainte-Claire) : « Il vient ! » s’écria Matilda avec un accent de joie. Ambrosio tressaillit, et attendit le démon avec terreur. Quelle fut sa surprise quand, le tonnerre cessant de rouler, les larges accords d’une mélodieuse musique firent résonner l’air ! En même temps, le nuage disparut, et il aperçut une figure plus belle que n’en dessina jamais le crayon de la fantaisie. C’était un jeune homme qui paraissait avoir dix-huit ans environ : ses formes et son visage étaient d’une perfection incomparable… Son corps resplendissait d’une clarté éblouissante : il était entouré de nuages de lumière couleur de rose, et au moment qu’il apparut, une brise rafraîchissante exhala ses parfums dans la caverne.
  4. Il est fréquemment question dans les poèmes ossianiques de la Clutha ou Cluath « ancien nom du Clyde ou de la Clyd » (Trad. de Le Tourneur, 1777, t. I, p. lxxi).
  5. Var : Ce vers commence la page 28 du manuscrit ; en haut de cette page, dans le coin de gauche, en travers : (l’esprit ténébreux) ; ces mots ont été biffés ; au verso du feuillet, dans le coin supérieur de gauche, ces indications : Le chasseur écossais et, au-dessous : La baigneuse.
  6. Var : M, 1er main, sa en surcharge : son
  7. L’Arven est une montagne de Calédonie ; le Crona, une colline et un torrent. Ces deux noms sont souvent rapprochés l’un de l’autre. Voir notamment le poème de Comala : On n’entend plus sur l’Arven que le bruit du torrent. Fille de Morni, viens des rives de Crona. (Le Tourneur, t. II, p. 124). — Lève-toi, brouillard du sombre Crona,
  8. Var : M, glaciers surcharge un mot illisible.