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poèmes antiques et modernes

» Et gardant contre moi, timide sentinelle[1],
» Le sommeil de la Vierge aux côtés de sa sœur[2],
» Qui, rêvant, sur son sein la presse avec douceur[3].
» Mais seul je retournai sous ma belle demeure[4],
» J’y pleurai comme ici, j’y gémis, jusqu’à l’heure
» Où le son de ton vol m’émut, me fit trembler[5],
» Comme un prêtre qui sent que son Dieu va parler. »



Il disait ; et bientôt comme une jeune Reine[6],
Qui rougit de plaisir au nom de souveraine.
Et fait à ses sujets un geste gracieux[7],
Ou donne à leurs transports un regard de ses yeux,
Éloa, soulevant le voile de sa tête,
Avec un doux sourire à lui parler s’apprête,
Descend plus près de lui, se penche, et mollement
Contemple avec orgueil son immortel amant.
Son beau sein, comme un flot qui sur la rive expire,
Pour la première fois se soulève et soupire ;
Son bras, comme un lis blanc sur le lac suspendu[8],

  1. Var : M1, Sentinelle céleste, (corr. : timide sentinelle,)
  2. Var : O, vierge
  3. Var : O, A, Qui, rêvant sur son sein, le presse avec douceur. B-C2, Qui, rêvant, sur son sein le presse avec douceur (sic).
  4. Var : M1, Si triste (corr. : Mais seul)
  5. Var : M1, où le bruit (corr. : son)
  6. Var : M1, Il parlait (corr. : Il disait)
  7. Var : M1, (Ou leur donne au retour biffé) Ou jette (corr. : donne) à leurs transports un regard de ses yeux,
  8. Moore, Le Paradis et la Péri (trad. de Bruguière de Sorsum, Lycée Français, 1820, t. III, p. 410) : Ces lys virginaux s’inclinant sur l’onde du lac, afin de se redresser plus frais et plus brillants au retour de leur soleil bien-aimé…