Page:Vigny - Servitude et grandeur militaires, 1885.djvu/214

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je ne l’aime pas, et je vais lâcher sur lui un vieil oratorien défroqué. Vous serez content, allez. Tenez, nous pourrions, si vous vouliez, faire bien des choses à l’avenir. »

Il prit un air d’innocence et de jeunesse très caressant.

— « Moi, je ne sais pas, j’ai beau chercher, je ne vois pas bien, en vérité, pourquoi vous auriez de la répugnance à siéger à Paris pour toujours. Je vous laisserais, ma foi, les Tuileries, si vous vouliez. Vous y trouveriez déjà votre chambre de Monte-Cavallo qui vous attend. Moi, je n’y séjourne guère. Ne voyez-vous pas bien, Padre, que c’est là la vraie capitale du monde ? Moi, je ferais tout ce que vous voudriez ; d’abord, je suis meilleur enfant qu’on ne croit. — Pourvu que la guerre et la politique fatigante me fussent laissées, vous arrangeriez l’Église comme il vous plairait. Je serais votre soldat tout à fait. Voyez, ce serait vraiment beau ; nous aurions nos conciles comme Constantin et Charlemagne, je les ouvrirais et les fermerais ; je vous mettrais ensuite dans la main les vraies clefs du monde, et comme Notre-Seigneur a dit : Je suis venu avec l’épée, je garderais l’épée, moi ; je vous la rapporterais seulement à bénir après chaque succès de nos armes. »

Il s’inclina légèrement en disant ces derniers mots.