Page:Vigny - Servitude et grandeur militaires, 1885.djvu/257

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en face de la loge impériale, et nous attendîmes. Il n’y avait encore dans la salle que les Rois. Chacun d’eux, assis dans une loge, aux premières, avait autour de lui sa cour, et devant lui, aux galeries, ses aides de camp et ses généraux familiers. Les Rois de Westphalie, de Saxe et de Wurtemberg, tous les princes de la confédération du Rhin, étaient placés au même rang. Près d’eux, debout, parlant haut et vite, Murat, Roi de Naples, secouant ses cheveux noirs, bouclés comme une crinière, et jetant des regards de lion. Plus haut, le Roi d’Espagne, et seul, à l’écart, l’ambassadeur de Russie, le prince Kourakim, chargé d’épaulettes de diamants. Au parterre, la foule des généraux, des ducs, des princes, des colonels et des sénateurs. Partout en haut, les bras nus et les épaules découvertes des femmes de la cour.

La loge que surmontait l’aigle était vide encore ; nous la regardions sans cesse. Après peu de temps, les Rois se levèrent et se tinrent debout. L’Empereur entra seul dans sa loge, marchant vite ; se jeta vite sur son fauteuil et lorgna en face de lui, puis se souvint que la salle entière était debout et attendait un regard, secoua la tête deux fois, brusquement et de mauvaise grâce, se retourna vite, et laissa les Reines et les Rois s’asseoir. Ses Chambellans, habillés de rouge, étaient debout, derrière lui. Il leur