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SOUVENIRS

comme trois imbéciles, ne sachant pas ce que nous avions. C’est que c’était vraiment plaisant de les voir s’aimer comme ça ! ils se trouvaient bien partout ; ils trouvaient bon tout ce qu’on leur donnait. Cependant ils étaient à la ration comme nous tous ; j’y ajoutais seulement un peu d’eau-de-vie suédoise quand ils dînaient avec moi, mais un petit verre, pour tenir mon rang. Ils couchaient dans un hamac, où le vaisseau les roulait comme ces deux poires que j’ai là dans mon mouchoir mouillé. Ils étaient alertes et contents. Je faisais comme vous, je ne questionnais pas. Qu’avais-je besoin de savoir leur nom et leurs affaires, moi, passeur d’eau ! Je les portais de l’autre côté de la mer, comme j’aurais porté deux oiseaux de paradis.

J’avais fini, après un mois, par les regarder comme mes enfants. Tout le jour, quand je les appelais, ils venaient s’asseoir auprès de moi. Le jeune homme écrivait sur ma table, c’est-à-dire sur mon lit ; et, quand je voulais, il m’aidait à faire mon point : il le sut bientôt faire aussi bien que moi ; j’en étais quelquefois tout interdit. La jeune femme s’asseyait sur un petit baril et se mettait à coudre.

Un jour qu’ils étaient posés comme cela, je leur dis :

― Savez-vous, mes petits amis, que nous faisons un tableau de famille comme nous voilà ? Je