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au klondyke

sur le même plan, mais il m’a toujours été très dévoué.

— Ainsi, il te reste cinquante mille francs, dit l’officier de marine, comme s’il n’eût retenu qu’un mot.

— Hélas ! oui.

— Et tu te trouves pauvre !

— Ah ça ! railles-tu ?

— Pas le moins du monde ; seulement tu me sembles exagérer singulièrement en me parlant de ta ruine.

— Il est vrai qu’en plaçant mon argent, je pourrais encore avoir deux ou trois mille francs de rente, goguenarda le comte. Ah ! pour un ancien concierge, ce serait une belle position ! Mais, voilà, je suis gentilhomme !

— C’est-à-dire habitué au superflu.

— Tu l’as dit.

— Ainsi, ton manoir des environs de Dijon ?…

— Est vendu depuis un mois.

— Et cet hôtel ?

— Mes créanciers viennent de me l’enlever… Les cinquante mille francs qui me restent sont même le reliquat de la vente.

— Quand dois-tu quitter l’hôtel ?

— Demain, avant midi.

— As-tu du courage ?

— Singulière question.

— Réponds-moi toujours.

— J’ai eu quatre duels ; cela te suffit-il ?

— Hum ! le duel n’est souvent qu’une fanfaronnade destinée à poser pour la galerie ; aussi, n’est-ce point de ce courage de commande que je veux parler, mais bien de celui qui consiste à affronter crânement des dangers sérieux, loin des applaudissements.