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au klondyke

dans l’Océan Arctique, un accident de chaudière survenu à mon bâtiment me força de relâcher dans la baie de Mackenzie, près de la terre des Esquimaux, une des régions les plus désolées, les plus désertes du globe, dans ces confins où le continent américain semble s’allonger pour rejoindre, au-dessus du détroit de Behring, les pays sibériens. Les réparations devant nous retenir à cet endroit pendant près d’un mois, je laissai le commandement du vaisseau à mon second, et je descendis à terre, avec dix hommes, décidé à explorer un peu l’intérieur. Après huit jours de marche, nous fîmes la rencontre d’un chasseur canadien, qui m’offrit, en échange d’un peu de nourriture, un morceau d’or pesant plus d’une livre… Inutile de t’assurer que je repoussai l’or et que je fis servir au chasseur un repas aussi complet que le permettaient mes provisions, ce dont le pauvre homme fut si touché, qu’il me fit des confidences véritablement extraordinaires… j’ai oublié de te dire que nous nous trouvions en plein Youkon, territoire à peu près aussi grand que la France, borné au sud par la Colombie anglaise, à l’ouest par l’Alaska, au nord par l’océan Arctique, à l’est par le district de Makenzie, et appartenant au Canada.

— Tu me fais là un cours de géographie que je connais un peu, dit le comte en souriant.

— C’est possible, mais il est un détail que tu ignores.

— Lequel.

— C’est qu’il existe, au Youkon, une petite rivière qui s’appelle le Klondyke, et aussi la rivière des Rennes, à cause de l’abondance de ces animaux ; or, cette rivière, dont les cartes, je ne sais pourquoi, ne font aucune men-