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au klondyke

Le dernier canot se balançait encore au palan qui venait de le remonter, que le Caïman se mettait en marche, mû seulement par la vapeur, afin qu’il obéit plus facilement au gouvernail.

Le Caïman avait été construit avec tous les perfectionnements désirables. Lorsque le vent tombait ou qu’il fallait traverser des passages dangereux, les voiles était carguées et la vapeur seule était employée. Dans ce dernier cas elle servait aussi à actionner une puissante machine à électricité.

Comme il fallait naviguer dans une pénombre continuelle, le capitaine Vernier fit installer sur l’avant de son navire un appareil électrique, à pivot, qui lui permettait de projeter ses rayons sur une assez grande circonférence.

À mesure que le Caïman avançait, les glaçons devenaient plus nombreux, ce qui ne laissait pas que d’inquiéter fort l’équipage qui, n’ayant aucune manœuvre à exécuter, se tenait sur le pont, les yeux fixés sur le capitaine.

Ce dernier, sa lunette à la main, interrogeait fréquemment la mer dans le rayon lumineux projeté par le réflecteur. De temps en temps, il donnait un ordre bref au timonier, et une légère secousse prouvait que le navire obliquait à droite ou à gauche.

Tout en louvoyant, Vernier s’efforçait d’atteindre le détroit de Banks, et malgré un froid terrible, il ne quittait point la dunette.

Vingt heures s’écoulèrent ainsi. Enfin une légère clarté creva le crépuscule. Un soupir de soulagement s’échappa