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au klondyke

L’officier se rendit aussitôt près de Vernier qui, après s’être fait connaître, le remercia chaleureusement de son dévouement, à quoi le capitaine répondit qu’il n’avait fait que son devoir et qu’il le dispensait de toute reconnaissance.

Mais Vernier ne l’entendit pas ainsi, et une vive sympathie lia bientôt les deux marins.

Par égard pour la qualité de Vernier, le capitaine de la Belle-Hélène, ainsi que se nommait le navire, lui fit dresser un lit dans sa propre cabine.

Ce furent alors de longues conversations entre ces deux hommes également jeunes et intelligents.

Vernier avait raconté toutes les péripéties de sa dernière expédition, et le capitaine, enthousiasmé par la description des bords dorés du Klondyke, lui avait proposé d’y retourner ensemble, mais il avait répondu par un refus catégorique.

— Je n’ai entrepris ce second voyage que pour ne point abandonner mon ami à toutes les imprudences que lui aurait dictées son caractère léger, dit-il, aussi ne tenterai-je point à nouveau l’aventure. Il me semblerait voir se dresser devant moi, pour me barrer la route, les cadavres de mes infortunés compagnons. D’ailleurs, je suis riche, très riche même ; or, à quoi me servirait de chercher à augmenter une fortune plus que suffisante pour mes modestes besoins ? Je comprends fort bien que, pour se créer une situation, l’on chasse l’humeur casanière et que l’on s’élance hardiment vers l’inconnu, en acceptant par avance toutes les conséquences de la tentative, car rien n’est si déplorable que le spectacle de l’oisiveté dans laquelle se