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au klondyke

a trente ans que je navigue et je n’ai pas encore rencontré la fortune. En revanche, j’ai failli bien des fois servir de pâture aux requins. Avec l’argent que m’a rapporté notre premier voyage, j’ai acheté une petite maison près de Paimpol, et j’y ai installé, avant de repartir, ma femme et mes enfants. C’est là que je vais me rendre en vous quittant, et si Dieu le permet, j’y finirai mes jours, au milieu des miens.

— Comment subviendrez-vous à vos besoins ?

— En travaillant avec des pêcheurs.

Vernier se recueillit un instant.

— Mes amis, dit-il ensuite, maintenant que vous m’avez fait connaître vos intentions, je vais vous dire ce que j’ai décidé ; si mes propositions ne vous conviennent pas, vous serez libre de les repousser… Toi, Valentin, je te prends à mon service…

— Oh ! Monsieur !…

— Pas de remerciements ; tu désirais ne pas me quitter, j’exauce ton désir, voilà tout… Maintenant, à ton tour, Loriot… Tu m’as déclaré être prêt à faire n’importe quoi ; je te prends également à mon service, non comme domestique, car je ne crois pas que cet emploi soit en harmonie avec ton caractère, mais comme homme à tout faire, c’est-à-dire pour aider les autres.

— Oh ! mon capitaine, répondit tristement le Parisien, combien je serais heureux de rester près de vous, mais…

— Mais quoi ?…

— Je ne peux quitter ma mère… Que voulez-vous, j’ai tant de peccadilles à me faire pardonner !…

— Eh ! qui te parle de la quitter. J’approuve trop ta ré-